De Villepin marginalisé par les militants UMP

Les militants de l’UMP contre Villepin

Dominique de Villepin, lors du premier meeting de son mouvement République solidaire, le 19 juin 2010, à Paris.
 Dominique de Villepin, lors du premier meeting de son mouvement République solidaire, le 19 juin 2010, à Paris. Crédits photo : Jean-Christophe MARMARA/Le Figaro

Sarkozy a estimé lundi qu’il n’y avait « pas de place en France pour la haine, la violence et le sectarisme ».

Le coup du mépris : c’est, en substance, la riposte choisie par Nicolas Sarkozy à la dernière offensive en date de Dominique de Villepin. L’ex-premier ministre, qui s’était illustré fin août en qualifiant de «tache de honte sur le drapeau» la politique menée contre les clandestins roms, a jugé dimanche matin sur Europe 1 que le chef de l’État était «un des problèmes de la France». Les dirigeants de l’UMP, nombreux à intervenir dans les émissions de fin de week-end, ont aussitôt reçu de la direction du parti la consigne de «minorer» les déclarations de l’ex-premier ministre, «pour ne surtout pas en faire un martyr».

«Il n’attend que ça !», a confirmé lundi Nicolas Sarkozy à l’état-major de l’UMP, qu’il recevait comme chaque semaine à l’Élysée. Convaincu qu’«il n’y a pas de place en France pour la haine, la violence et le sectarisme», le chef de l’État a expliqué que Dominique de Villepin haussait le ton faute de réussir à décoller dans les sondages. Le président fondateur de République solidaire avait cité dimanche la réforme des retraites en exemple des ravages que le sarkozysme exercerait sur la cohésion sociale. Nicolas Sarkozy a tenu lundi à féliciter ses troupes d’avoir réussi la réforme, tout en mettant à mal l’image du PS – «Regardez comment il était avant les retraites, et dans quel état il sort !», a-t-il lancé – et sans affecter l’unité de la «famille» majoritaire.

«Famille» dont Dominique de Villepin ne fait à l’évidence plus partie, comme les membres du gouvernement entrés dans l’équipe Fillon au nom de l’ouverture aux villepinistes se sont chargés de le faire savoir lundi. Sur Europe 1, le ministre de l’Agriculture Bruno Le Maire a jugé les propos de son ancien patron à Matignon «outrageants à l’égard du président de la République, violents à l’égard de l’ensemble du gouvernement et à l’égard de toute la majorité». «Je dois dire très franchement que cela me désole», a-t-il ajouté. Et comme Jean-Pierre Elkabbach demandait : «Qu’est-ce qu’il lui prend ?», l’ex-directeur de cabinet de Dominique de Villepin a soupiré : «Mais je n’en sais rien ! Je ne suis pas dans sa tête !»

«Nous l’avons soutenu, aidé, accompagné ces dernières années dans les moments difficiles et on s’aperçoit qu’en réalité, aujourd’hui, il coupe les ponts avec tout le monde, et avec les plus proches d’entre nous», a regretté Georges Tron, tout en précisant qu’il considérait toujours Dominique de Villepin «comme un ami». Le secrétaire d’État à la Fonction publique a estimé que le comportement de son ancien mentor n’était pas «cohérent» avec son appartenance à l’UMP.

«Dominique de Villepin est dans l’UMP tout en critiquant le président de la République, c’est un schizophrène », a renchéri Dominique Paillé, porte-parole adjoint du parti présidentiel. En se gardant bien d’agiter la menace d’une exclusion, puisque comme l’explique Xavier Bertrand, «il n’est pas question de lui faire ce cadeau». Le secrétaire général pense que le héraut de République solidaire «se mord les doigts» d’avoir recommencé à payer sa cotisation, fin juillet, et a refusé de répondre à ses attaques, portées selon lui pour «faire le buzz». Mais la palme de l’ironie revient à Brice Hortefeux, pour qui «Villepin parle aujourd’hui comme Mélenchon», la seule différence étant que le premier «n’a pas de public».

Escalade verbale

Les sarkozystes ne prendront pas l’initiative de la rupture, même si les villepinistes en rêvent, à l’instar du député François Goulard, pour qui une exclusion de l’ex-premier ministre «serait la preuve que l’UMP n’est plus un parti politique mais un comité de soutien à Nicolas Sarkozy».

«Je ne vois pas pourquoi Dominique de Villepin, qui est membre de droit de l’UMP, quitterait ce parti dont il a toujours été adhérent en tant que membre fondateur avec Jacques Chirac et Alain Juppé», a complété Brigitte Girardin. Selon l’ancienne ministre de l’Outre-mer, en acquittant sa cotisation, Dominique de Villepin a voulu dire aux électeurs et militants de l’UMP aujourd’hui en proie à un «malaise» qu’il «ne les abandonne pas». «On est très critique des dérives de l’UMP vers les thèses du Front national, et on continuera à le faire savoir de l’intérieur», a promis Brigitte Girardin. L’escalade verbale n’est pas terminée. Dès lundi soir, d’ailleurs, Dominique de Villepin, invité sur le plateau du «Grand Journal» de Canal +,

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