Le recours de Pôle emploi Cahors au privé reste sujet à polémiques

Le recours de Pôle emploi Cahors

au privé reste sujet à polémiques

Le 31 juillet 2009, Pôle emploi inaugurait une politique de sous-traitance massive en confiant l’accompagnement de 320.000 chômeurs à des opérateurs privés. A l’heure du premier bilan, griefs et reproches croisés restent nombreux.

Ecrit par
Lionel STEINMANN
Journaliste – Enjeux Les Echos
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L’anniversaire a été célébré en toute discrétion, bien qu’il marque un tournant majeur dans la politique de l’emploi. Le 31 juillet 2009, Pôle emploi dévoilait les résultats de l’appel d’offres confiant le suivi de 320.000 demandeurs d’emploi sur deux ans à des opérateurs privés de placement (OPP) comme Sodie, Altedia ou Manpower. Après plusieurs années d’expérimentation, le service public se lançait dans la sous-traitance massive au privé de l’accompagnement des chômeurs.

Deux ans après, cette sous-traitance n’est toujours pas rentrée dans les moeurs. Conscients que les réticences à leur endroit sont encore vives, les opérateurs font profil bas, d’autant que la plupart soumissionnent au nouvel appel d’offres lancé par Pôle emploi. « Nous sommes heureux de participer au service public de l’emploi », explique François Roux, délégué général du Prisme, le syndicat des entreprises d’intérim.

Ses adhérents n’en ont pas moins un certain nombre de griefs. A commencer par le cahier des charges, jugé très rigide, notamment sur les implantations géographiques. « Il nous a été demandé d’ouvrir une implantation à Bressuire, dans les Deux-Sèvres, en attendant le plan social de Heuliez, pointait par exemple Pierre Ferracci pour Sodie devant la mission d’enquête du Sénat sur Pôle emploi. Or celui-ci n’a jamais eu lieu. » Autre motif d’insatisfaction, l’irrégularité des flux qui leur sont adressés : « Nous pouvions recevoir cinq cents personnes une semaine, et deux la semaine suivante », a indiqué Martine Gomez de Manpower devant les sénateurs. Surtout, les « OPP » jugent difficile d’investir dans le long terme alors que l’opérateur public pratique le « stop-and-go » budgétaire : contraint à des économies, Pôle emploi a réduit des deux tiers la taille du nouvel appel d’offres, passant le nombre de chômeurs pris en charge de 200.000 en 2010 à 85.000 environ en 2011.

Manque de données fiables

Du côté du service public, la collaboration avec les opérateurs demeure un sujet sensible. Auditionné lui aussi par le Sénat, le directeur général, Christian Charpy, a répliqué sur un ton assez sec à la plupart des remarques formulées (voir ci-dessous), même s’il a admis que Pôle emploi avait été « trop exigeant » sur la quantité de documents que les opérateurs devaient lui transmettre pour le suivi des chômeurs. Certains syndicats présents au conseil d’administration, comme la CGT, conservent une opposition de principe au recours au privé, alors que la CFDT déplore que les opérateurs soient sélectionnés sur une logique de coûts, et non de résultats.

Mais la question qui fâche le plus, c’est justement celle de l’efficacité respective du public et du privé. Les opérateurs interrogés par « Les Echos » affichent tous des taux de retour à l’emploi (plus de six mois) supérieurs à 50 %. Devant les sénateurs, Christian Charpy a pourtant évoqué un chiffre moyen de 38 % pour les opérateurs privés, contre 44 % pour Pôle emploi… Faute de données fiables et transparentes, la fin des polémiques n’est pas pour demain.

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