Marie Ndiaye pose avec son livre "Trois Femmes Puissantes" après avoir reçu le Prix Goncourt 2009, le 2 novembre 2009.

Pour Marie NDiaye, ce fut même un triomphe. Première femme a décrocher le Goncourt depuis 1998, elle a étédistinguée pour "Trois femmes puissantes" (Gallimard) au 1er tour de scrutin, par 5 voix contre deux à Jean-Philippe Toussaint et une à Delphine de Vigan.

"On pensait que ce serait très disputé. Cela nel’a pas été. Le livre rempli réellement le rôle qu’on attendait de lui pour faire un Goncourt et donner ce Goncourt à une femme", soulignait laprésidente du jury, Edmonde Charles-Roux.

Née d’une mère française et d’un père sénégalais, Marie NDiaye – qui est de nationalitéfrançaise – est distinguée à 42 ans pour son huitième roman, qui regroupe en fait trois destins de femmes en lutte pour préserver leur dignité entre la France et l’Afrique.

"Une sorte de miracle s’était déjà produit avec le succès du livre. C’est aussi le couronnement et la récompense de 25 ans d’écriture et de cette opiniâtreté", a-t-elle déclaré sous une fine pluie, Spencer gris et pantalon noir, après l’annonce du prix. "L’histoire des migrants est unehistoire déjà souvent relatée, mais si le sort de ces gens peut être encore mieux su et compris, j’en serai très contente", a-t-elle ajouté.

"Troisfemmes puissantes" a déjà été tiré à 140.000 exemplaires.

FrédéricBeigbeder, 44 ans, a lui du attendre le 5ème tour avant d’obtenir le Renaudot pour son récit autobiographique "Un roman français" (Grasset). Par sept voix contre une à Vincent Message, Véronique Ovaldé et Justine Lévy.

"C’est un prix important, qui a été décerné au +Voyage au bout de la nuit+ de Céline et aux +Choses+ de Pérec, tous ces livres si beaux, si grands. Et là, me retrouver sur la même liste que ces gens-là… Je crois que je vais pleurer", confiait-il à peine descendu de son taxi.

Interpellé en mars 2008 en plein Paris alors qu’il sniffait de la cocaine sur le capot d’une voiture et expédié au dépôt dela Préfecture de police, l’exhibitionniste littéraire a écrit son romanfamilial pour remonter la pente.

Beigbeder a d’ailleurs eu lundi "une pensée pour le procureur de Paris" Jean-Claude Marin : "Je n’auraispas écrit ce livre si je n’avais pas été mis en garde à vue". Un passage du livre féroce à l’encontre du procureur avait été supprimé à la demande de l’éditeur avant sa sortie en librairie.

Selon Grasset, 180.000 exemplaires d’"Un roman français" ont déjà été vendus aux libraires.

Le choix de Frédéric Beigbeder, également critique littéraire et membre de plusieurs jurys, a forcément éveillé les soupçons de copinage. Mais comme le soulignait Patrick Besson du jury Renaudot, "ce n’est pas parce que quelqu’un est célèbre, mondain et riche, qu’il n’a pas de talent".Deux autres prix ont été décernés lundi.Le Renaudot de l’essai est allé à l’écrivain et résistant Daniel Cordier, ancien secrétaire de Jean Moulin, pour ses mémoires, "Alias Caracalla" (Gallimard), déjà vendus à 30.000 exemplaires.

Le jury aenfin décerné le 1er Prix Renaudot poche à Hubert Haddad pour "Palestine", paru récemment au Livre de poche.

Côté éditeurs, Gallimard a obtenu deux prix lundi, Grasset un. La saison des prix littéraires est bien lancée.