Villepin nie en bloc avoir comploté contre Sarkozy.

Villepin nie en bloc et se défend d’avoir comploté contre Sarkozy

 30.09.09 | 15h00

Entendu pour la première fois dans le procès qui l’oppose à Nicolas Sarkozy Dominique de Villepin a nié mercredi avoir comploté en 2004 contre l’actuel chef de l’Etat et s’est présenté en victime d’une manipulation.

A la sixième audience du procès des faux listings de la société Clearstream, l’ancien Premier ministre a mis en scène son entrée dans le prétoire et usé de son éloquence.

Comme au premier jour du procès, le 21 septembre, il a fait une déclaration devant la presse sur un ton solennel. "Je suis heureux de pouvoir aujourd’hui apporter ma contribution à l’émergence de la vérité dans cette affaire où les mensonges et les manipulations ont obscurci cette vérité", a-t-il dit.

Devant le tribunal, il s’est montré volubile et clair, s’appuyant sur les pièces du dossier que lui passaient ses avocats, en faisant même parfois lecture à la place du tribunal.

"Je suis toujours là dans les moments difficiles et j’ai les épaules larges", a-t-il dit aux juges.

Ministre des Affaires étrangères (mai 2002-mars 2004), de l’Intérieur (mars 2004-mai 2005) puis Premier ministre (mai 2005-mai 2007) à l’époque des faits, Dominique de Villepin est jugé pour "complicité de dénonciation calomnieuse, complicité de faux, recel de vol et d’abus de confiance".

Les faux listings de comptes bancaires de la société luxembourgeoise Clearstream remis à la justice entre avril et octobre 2004 comportaient, outre les patronymes hongrois de Nicolas Sarkozy, Nagy et Bocsa, des centaines de noms.

Dominique de Villepin a expliqué aux juges qu’il avait été informé de cette affaire une seule fois, lors d’une réunion le 9 janvier 2004 au ministère des Affaires étrangères, qu’il dirigeait à ce moment. Il n’en aurait ensuite plus entendu parler jusqu’en juillet 2004.

CHIRAC N’A PAS DONNÉ D’INSTRUCTION

Le 9 janvier, a-t-il dit, le vice-président d’EADS Jean-Louis Gergorin lui a fait part de l’existence des listings qui devaient se révéler faux, en présence de Philippe Rondot, spécialiste du renseignement, qui avait déjà engagé une enquête.

"Il s’agissait d’une réunion à bâtons rompus, pas d’une réunion de travail", a-t-il expliqué, assurant que les listings n’avaient pas été montrés ce jour-là.

Il a raconté avoir demandé au général Rondot de poursuivre des investigations générales, en invoquant les "instructions générales du président de la République (Jacques Chirac-NDLR) sur la moralisation de la vie économique internationale".

"Nous ne sommes entrés à aucun moment dans la définition des cibles ou dans l’implication de personnes", a-t-il dit. Jacques Chirac a été informé, mais, a dit le prévenu, "il n’y a jamais eu d’instruction présidentielle dans ce dossier".

Le président du tribunal lui a alors lu une note manuscrite du général Rondot rendant compte de cette réunion du 9 janvier, saisie lors de l’enquête et où on lit "enjeu politique, Sarkozy" et "compte couplé Nicolas Sarkozy-Bocsa".

"Il n’a à aucun moment été fait référence à Nicolas Sarkozy en liaison avec ce système occulte et les listings", a répondu Dominique de Villepin.

Il a assuré qu’il avait juste été débattu de l’éventualité d’alerter Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, de l’affaire, ce qui a été écarté car jugé "pas opportun".

Ensuite, a dit l’ancien Premier ministre, il n’a entendu reparler de cette affaire qu’en juillet 2004, donc après la remise des faux listings au juge Renaud Van Ruymbeke en avril et juin, ce qui avait provoqué une enquête judiciaire menaçante pour Nicolas Sarkozy.

Jean-Louis Gergorin l’a contredit en affirmant à l’instruction avoir fait cette démarche sur demande de Dominique de Villepin. Les deux hommes devaient être confrontés dans la journée et l’avocat de Nicolas Sarkozy, Me Thierry Herzog, devait poser des questions dans la soirée.

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