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Officiellement, François Hollande n’est pas encore candidat aux primaires socialistes. Un simple détail de calendrier pour l’ancien premier secrétaire du PS, qui semble déjà en campagne présidentielle. La semaine dernière, il a annoncé qu’il ferait part de son entrée dans la course à l’investiture après les élections cantonales des 20 et 27 mars, en la subordonnant à sa réélection à la tête du conseil général de Corrèze. Une coquetterie, car le canton dont il est l’élu n’est pas concerné par le prochain scrutin, même si sa majorité, qui ne tient qu’à une voix, peut théoriquement basculer.
En attendant, l’ancien lieutenant de Lionel Jospin est sur tous les fronts, au point de refuser des sollicitations de la presse. Depuis de nombreux mois, François Hollande s’évertue à se modeler une nouvelle stature. Pour l’image, il s’est offert un nouveau « look » par le biais d’un régime drastique et l’acquisition de costumes sur mesure. Pour le verbe, lui qui aurait « tué pour un bon mot » adopte désormais un discours des plus sérieux, pédagogique et tempéré.

Sur le fond, plutôt que de brandir de grandes promesses, il préfère s’appuyer sur des mesures concrètes. Il propose notamment une fusion entre l’impôt sur le revenu, la CSG et la CRDS ; l’établissement d’un calendrier sur cinq ans avec les partenaires sociaux ; l’indexation de la taxe d’habitation sur le revenu ; la création d’un « contrat de génération », système de tutorat en entreprise qui serait financé par la suppression des allégements de charges sur les heures supplémentaires ; ou encore des prélèvements moins pénalisants pour le travail. Après avoir moqué en décembre dernier le projet socialiste sur « l’égalité réelle », qu’il qualifiait de « hotte du Père Noël », François Hollande ne jure que par les propositions chiffrées. Il ne prône ni le « grand soir », ni « l’interdiction des licenciements boursiers » et refuse de jouer la partition de « l’antisarkozysme primaire ».

Pris au sérieux
Sans pouvoir s’appuyer sur un véritable courant historique au sein du PS, l’ancien maire de Tulle peut tout de même compter sur de nombreux soutiens chez les élus et sur une réelle sympathie des militants. Son club « Répondre à Gauche » affiche 2 000 adhérents répartis dans 86 antennes locales. Une popularité qu’il fait fructifier en multipliant les interventions médiatiques et les déplacements sur l’ensemble du territoire. Jeudi dernier, sa venue à Lille, où il devait rencontrer des étudiants de l’EDHEC, a été annulée à la dernière minute pour raison de santé. Il s’est engagé à reprendre date, sans doute en… septembre. D’ici là, son planning est déjà chargé.
Un activisme qui porte aujourd’hui ses fruits. Après avoir longtemps végété dans les sondages face à Dominique Strauss-Kahn et Martine Aubry, François Hollande opère désormais une véritable percée, au point que sa candidature est enfin prise aux sérieux par ses deux principaux concurrents. Le président du conseil général de Corrèze, qui n’a jamais baissé les bras durant les périodes où nombre de socialistes lui promettaient l’oubli, semble plus que jamais croire en ses chances. Même face à Dominique Strauss-Kahn, dont il pronostique une forte baisse de popularité une fois que le dirigeant du FMI aura officialisé sa propre candidature.
Autre élément en sa faveur : tant que DSK est tenu par son devoir de réserve et Martine Aubry par la direction du PS, François Hollande peut mieux qu’aucun autre socialiste occuper l’espace. Auprès des électeurs comme chez les ténors du PS, François Hollande ne fait définitivement plus rire.